La politique du département en matière de coopération décentralisée

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Session publique du 1er février 2016.

Question d’actualité de Stéphane PIZELLE :

(Conseiller départemental du canton de Pont-à-Mousson)

Monsieur le Président, Mes chers collègues,

Je souhaite intervenir sur la politique du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle en matière de coopération décentralisée.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je vous avoue que j’étais très surpris d’apprendre, en prenant mes fonctions, que le Département de Meurthe-et-Moselle était aussi impliqué dans la coopération internationale et dans des projets de solidarité à l’étranger.

A mon sens, il s’agit du parfait exemple d’argent public mal employé ! Je n’arrive pas à comprendre comment un Département au bord de la faillite, face à l’augmentation constante des dépenses en matière de solidarité, peut se permettre d’accompagner et de financer des projets au Pérou, au Chili, au Nicaragua, au Laos et j’en passe !

Quand je vois les investissements dont ont besoin nos routes et équipements divers je pense que nous allons dans la mauvaise direction !

C’est à l’État, qui exerce des missions régaliennes, de mener une politique étrangère en matière de coopération décentralisée et d’y mettre de vrais moyens, prompts à résoudre les problèmes sur place !

Il n’est pas étonnant d’être en difficulté financière si nous nous permettons ce genre de dépenses « luxueuses » ! Si encore nous avions trop d’argent et une politique fiscale maitrisée mais ce n’est absolument pas le cas !

Ne nous trompons pas de débat : je n’ai absolument rien contre les associations qui par le biais de leurs nombreux bénévoles font un travail exemplaire aux côtés de ces populations, mais à un moment donné il faut savoir dire stop et se recentrer sur ses missions premières !

Quand je vois le Président du Conseil Départemental de Meurthe-et-Moselle appeler l’Etat à se « recentraliser » sur ses missions dans l’Est Républicain, je me dis qu’il ferait mieux de balayer devant sa porte.

Nos concitoyens Meurthe-et-Moselle attendent de nous une politique de PROXIMITE afin de répondre à leurs attentes compte tenu de la conjoncture économique difficile. Le gouvernement actuel ne répond pas aux besoins de nos concitoyens ce qui les détournent de la politique et qui pratiquent un vote sanction lors des élections comme nous avons pu nous en rendre compte malheureusement lors des élections de 2015.

Je vous remercie pour votre attention et vos réponses

 


Réponse de Patricia DAGUERRE :

(Conseillère départementale du canton du Val-de-Lorraine-Sud)

Notre Département est historiquement une terre de brassage, d’immigration, de fait, les Meurthe-et-Mosellans ont des liens avec citoyens du monde entier, c’est une richesse essentielle.

La politique de coopération décentralisée menée par le Département, mais également celle menée par la Ville de Nancy, ou encore par la Région, a de tous temps fait l’objet d’un consensus républicain dont il faut se féliciter. Les seuls à s’y opposer, cher collègue, sont les élus du Front National.

La coopération décentralisée, ce n’est pas de l’argent public mal employé. Ce n’est pas du luxe, mais une nécessité, notamment pour faire progresser l’éducation, le développement économique, la santé.

Bien sûr, la politique étrangère relève de l’Etat. Pour autant, les coopérations entre les hommes et les femmes de bonne volonté ont toujours été fructueuses et porteuse de progrès pour les territoires concernés.

On ne peut pas d’un côté encourager les bénévoles associatifs en vantant leurs actions et de l’autre refuser de leur accorder les moyens pour les réaliser.

Le budget consacré à la coopération décentralisée en 2015 et les années précédentes est de 25 000 euros. Avec ce budget limité, nous permettons par l’effet levier, le financement de projet à l’aide internationale pour plus de 2,8 millions d’euros grâce au cofinancement des partenaires français, européens et internationaux.

Mes chers collègues, si je m’en tiens à la proposition de notre collègue, ce budget de 25 000 euros permettrait la réfection de tout au plus une cinquantaine de mètres de chaussée. L’aide aux acteurs de la solidarité internationale en 2015 a permis la réalisation de 35 actions à l’étranger. 35 actions de découverte de la diversité du monde, d’engagement civique des jeunes, de promotion et d’éducation à la citoyenneté. 35 actions menées par des associations reconnues qui participent activement à la vie sociale et économique de la Meurthe-et-Moselle. Vous en avez une illustration dans votre canton, mon cher collègue, avec l’association Solidarité Nationale et Internationale de Pont-à-Mousson, présidée par Jean-François MOUTET, qui, depuis plusieurs années promeut des politiques de développement à l’internationale avec l’aide du Conseil Départemental. Cette association emploie 17 salariés permanents et compte plus de 60 bénévoles actifs qui tissent au quotidien des liens entre nos territoires et les territoires du continent africain.

Dans la période que nous vivons, il est de notre responsabilité d’élus de rapprocher les habitants, d’apaiser les tensions, de faire vivre la fraternité.

Soyons vigilants et n’entretenons pas la haine dans nos cantons en faisant croire que les sommes dépensées pour la coopération privent les habitants de routes bien entretenues.

Le repli sur soi, qu’il soit national, départemental ou régional est un contretemps historique, un danger social, une erreur économique et une menace démocratique. Le monde est aujourd’hui un village, la proximité est une nécessité, nous en sommes convaincus. C’est bien pour cela que nous avons mis en œuvre une coopération décentralisée depuis 1998 avec et aux côtés des acteurs de terrain.

Je vous remercie.