Plan collège et relance de l’emploi

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Session budgétaire du 14 mars 2016.

Intervention de Thibault BAZIN :

(Conseiller départemental du canton de Lunéville 2)

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Tout d’abord, nous ne pouvons que nous féliciter du plan de lutte contre la pauvreté des enfants. L’aide sociale à l’enfance mérite l’orientation budgétaire à la hausse en cette période de crise difficile.

Le budget que vous nous proposez aujourd’hui est censé traduire le projet de mandat présenté lors de la session extraordinaire du 6 juillet dernier. Vous évoquez en 3ème priorité : le soutien à l’emploi. Nous partageons cette priorité.

Vous dites donc soutenir l’emploi. Mais sincèrement, est-ce vraiment une priorité pour votre majorité ?

J’en doute un peu. La diminution drastique des aides à l’investissement pour les communes va avoir des effets néfastes pour l’emploi local. Nous y reviendrons tout à l’heure.

Comme vous, nous croyons qu’on peut soutenir l’emploi par l’investissement. Encore faut-il vraiment investir pour vraiment soutenir l’emploi.

Vous évoquez à titre d’exemple l’inscription à ce budget 2016 de 39,1 millions consacrés au plan collège nouvelles générations. Le budgéter est une chose, le réaliser en est une autre.

Les collèges du département pour la plupart datant des années 1960 avaient bien besoin d’investissements pour faire bénéficier chaque jeune Meurthe-et-Mosellan des conditions optimales pour réussir. Nous partageons avec vous cette ambition. Nous sommes favorables au plan collège nouvelles générations.

Une belle plaquette parue en mars 2012 nous avait fait croire au changement : je cite « Avec le Plan Collèges Nouvelles Générations, le conseil général de Meurthe-et-Moselle décide d’investir 270 millions d’euros dans les collèges publics du département d’ici 2018. » Le plan Collèges Nouvelles Générations lancé en décembre 2011 devait donc s’échelonner de 2012 à 2018. Il s’agissait d’une belle promesse qui pouvait faire rêver tout le secteur du BTP.

En fait, derrière les affichages budgétaires se cachent d’autres réalités. Seulement 8,5M€ ont été investis en 2013, 15,5M€ en 2014 et moins de 18,2M€ en 2015 sur les 38M€ qu’on aurait pu attendre chaque année… on peut imaginer le retard pour 2018… Imaginez même que sur les 3 dernières années, notre département a investi moins que la moyenne constatée sur la période 1999-2011 et ses 172 M€ investis pour les collèges. Pourquoi alors une telle communication ?

Je consens volontiers que des projets peuvent mettre jusqu’à 4 ans pour se concrétiser. Mais alors nous devrions alors intégrer des restes à réaliser pour les 150M€ qui auraient dû être lancés en programmation sur les 4 précédentes années du plan, et dont nous n’avons à priori pas réalisé la moitié – seulement 81,2M€ sont engagés. Nous en saurons davantage lors du compte administratif car seul l’investissement réalisé compte et les affichages budgétaires importent peu s’ils sont sans lendemain.

Et ce budget me laisse penser que le changement ce n’est pas encore pour maintenant…

Vous allez nous annoncer au rapport n°39 que vous renoncez à tenir votre engagement d’offrir à chaque Meurthe-et-Mosellan d’ici 2018 un collège nouvelles générations. C’est repoussé jusqu’à 2021. Il ne peut en être autrement vu le retard à l’allumage. Votre renoncement ne va pas aider la courbe du chômage à s’inverser.

Pour 2016, si vous investissez réellement les 39,1M€ promis, il restera 218,7M€ à investir pour tenir les 300M€ d’ici 2021… soit plus de 43M€ chacune des prochaines années de 2017 à 2021. Dont acte.

Pour autant, si on veut tenir cette ambition, il nous faut lancer tous les projets d’ici 2018 étant donnés les délais constatés pour que les investissements se réalisent effectivement. Imaginez que le collège de Bayon mis à la programmation en 2013 ne sera synonyme d’investissements réels qu’en 2017-2018 comme cela a été précisé lundi…

Monsieur le Président, il faut passer la deuxième. Les chantiers annoncés tardent à se concrétiser. Et les retards ont des conséquences directes sur l’activité dans notre département. Pire encore, les collégiens qui espéraient bénéficier d’un collège « nouvelle génération » seront peut-être à l’université quand ce sera fait ?

Mes chers collègues, nous devons la vérité, la vérité aux collégiens, la vérité à la communauté éducative, la vérité aux entreprises du BTP :

Derrière les affichages, je vous appelle à la franchise sur l’échéancier du plan collèges, qui à ce rythme, ne sera pas concrétisé d’ici la fin du présent mandat.

Soit on réalise les investissements promis et on soutient l’emploi. Soit on peine – peut-être pour des raisons légitimes – à investir, mais alors l’emploi s’en fait ressentir. Assurons-nous que les 96,8M€ d’investissements que vous annoncez se réalisent cette année, il y a tant à faire en matière de voirie départementale, d’ouvrages d’art, de haut débit…

Mes chers collègues, il est urgent d’agir VRAIMENT, il est urgent d’investir VRAIMENT : alors nous pourrons parler de VRAI soutien à l’emploi. Les Meurthe-et-Mosellans comptent sur nous.

Monsieur le Président, rassurez-nous s’il vous plaît, les 96,8M€ d’investissements que vous affichez pour soutenir l’emploi en 2016 ne vont pas rester au stade des belles paroles ?