Maison forestière de Bellefontaine : un joyau historique et patrimonial en danger !

Session publique du 13 décembre 2021.

Question d’actualité de Laurent GARCIA :

Conseiller départemental du canton de Laxou

 

Madame la Présidente,

Le domaine, constitué du parc et de la maison de Bellefontaine, fut créé en 1863 par, à l’époque, l’Ecole Impériale des Eaux et Forêts (nous sommes sous Napoléon III). Pour mémoire, Nancy est le centre historique de la formation forestière en France.

Le domaine était destiné à l’apprentissage des techniques de multiplication des essences forestières, d’où notamment le nombre remarquable de hêtres tortillards présents dans le parc, ainsi que de quelques essences remarquables, ce qui en fait un lieu unique en Lorraine.

Par ailleurs, l’ensemble du site est classé Espace Naturel Sensible.

En effet, le parc est richement alimenté en sources, et il fut agrémenté en 1901 de 24 bassins paysagers et d’un bâtiment piscicole à l’architecture remarquable.

La bâtisse est une grande maison solide, aux intérieurs très spartiates, constituée à l’époque de 2 appartements destinés à l’habitation, de bureaux et de salles de cours. Elle a ceci de remarquable, outre ses détails architecturaux typiques de l’époque, c’est qu’elle présente deux façades antinomiques : grande maison côté parc, ferme côté bois, avec ses portes de granges et gerbières.

Désaffectée par l’ONF, elle fut occupée par une association à vocation sociale un moment, puis fermée.
Le domaine est désormais partitionné : La parcelle de la pisciculture et de l‘arboretum appartient au Conseil départemental ; la Maison Forestière, sur une parcelle de 7.000 m2, toujours propriété de l’Etat, notamment l’ONF, est désormais mise en vente.

Sa vente suscita bien des polémiques, alimentées notamment par une association de préservation revendiquant sa sauvegarde et qui obtint la suspension temporaire de la vente en vue de faire classer le site.

Isolée, squattée, désormais murée, tout projet suspendu, la bâtisse paye cher les pillages successifs et se dégrade de jour en jour.

Son coût de rénovation (dans le cadre d’un projet privé visant à héberger des personnes électrosensibles, on se trouve sous la couverture des radars de la base de Ochey) fut estimé à plus de 1,2 million d’euros il y a deux ans tant les dégradations sont importantes. Il faut compter bien plus dans le cadre d’un ERP.

Sa situation et son classement réduisent pour l’instant toute spéculation immobilière et la vente aux enchères de 4 pavillons forestiers situés à 200 mètres en contrebas de la maison forestière, qui vient d’être bouclée le 28 novembre dernier, pour un montant de 344.000 euros, nous laisse songeurs !

Si la vente reprenait ou la session à bail emphytéotique, connaissez-vous le projet de l’acquéreur ? Sachant que nous sommes dans un ENS Départemental, propriété de notre collectivité où une maison est livrée à elle-même !

Que deviendra la maison forestière de Bellefontaine si pareille mésaventure est engagée par l’ONF ?
Madame la Présidente, ce site est un ENS départemental. Il est répertorié, promu et publicité en est faite.

Notre collectivité a-t-elle été sollicitée et comment nous plaçons-nous face à ce joyau historique et patrimonial en danger ?

 

Laurent GARCIA