Insertion : un partenariat entre le département et le CAGIP ?

Session publique du 29 juin 2017.

Question d’actualité de Christopher VARIN :

(Conseiller départemental du canton de Lunéville 1)

Monsieur le Président,
Mes chers collègues,

L’insertion est très certainement la mission la plus importante du conseil départemental.

Certes, la solidarité à travers les différentes allocations qu’elle verse, est le premier budget de notre collectivité ; mais cela ne doit pas nous faire oublier notre rôle de faire sortir de la précarité nos concitoyens les plus fragiles.

A ce titre, je ne peux que déplorer votre refus ainsi que celui de votre majorité de mettre en place une mission d’information et d’évaluation sur ce sujet si important. Elle nous aurait permis de cerner nos faiblesses et ce faisant d’y remédier.

Oui mes chers collègues, une critique peut s’avérer constructive.

Nous devons faire feu de tout bois pour remettre sur le chemin de l’emploi ceux qui s’en sont éloignés et surtout ceux qui le sont depuis longtemps.

D’autres acteurs que ceux qui travaillent actuellement avec le conseil départemental se sont emparés de cet enjeu et obtiennent des résultats. C’est notamment le cas du CAGIP, qui depuis de nombreuses années a noué des partenariats importants avec d’autres collectivités semblables à la nôtre.

Fort de son expérience, le CAGIP a mis en œuvre, en lien avec ses différents partenaires des actions de réinsertion notamment auprès des bénéficiaires du RSA. Au travers d’ateliers collectifs ou d‘entretiens individuels, le personnel du CAGIP raccroche peu à peu des personnes en grande précarité à la vie en commun.

La ville de Strasbourg, le Conseil Départemental de la Moselle font notamment appel au CAGIP pour sortir des personnes très éloignées de l’emploi de leur isolement, pour leur redonner un cadre de référence, et progressivement les accompagner vers la réinsertion. J’ajoute que le CAGIP accompagne également les travailleurs en situation de handicap et les réfugiés, enjeux qui font parties intégrantes de nos compétences.

Je suis persuadé que le CAGIP apporterait une vraie plus-value à notre politique d’insertion. Aussi, monsieur le président, je pense que les membres de la commission solidarité et/ou développement pourraient rencontrer très bientôt ces personnes qui, je le crois, sauraient nous aider dans cette mission.

Je vous remercie pour votre attention.
 
Christopher VARIN
 


Réponse de Sylvie BALON :

Conseillère départementale de Longwy

Monsieur le Président, cher collègue,

Une fois n’est pas coutume : je vous avoue que je partage pleinement votre avis sur un certain nombre de points de votre question, notamment sur le fait que l’insertion est une des missions les plus importantes du Département. Je rappellerais à ce titre que nous travaillons avec des personnes. J’entends trop souvent des chiffres et des statistiques, nous travaillons avec l’être humain, avec toutes les difficultés que cela comporte.

Je partage également votre avis sur le fait qu’il ne faut pas que nous oublions l’objectif que nous avons refixé dans le PTI en termes d’accompagnement des bénéficiaires du RSA vers une réinsertion professionnelle durable par l’emploi durable. Rassurez-vous : nous ne l’oublions pas. Je souhaiterais tout de même mettre un petit bémol sur cet objectif puisque vous savez que la vie n’est pas linéaire et que les aléas qui la jalonnent nous obligent quelquefois à repousser dans le temps la réinsertion professionnelle et durable pour nos bénéficiaires du RSA. Notre rôle est effectivement de les « accompagner vers » en ayant en tête cet objectif final.

Je partage également votre avis sur le CAGIP. Pour ceux qui ne connaîtraient pas cet organisme, il s’agit du Collectif pour l’Animation du Groupe et l’Initiative Pédagogique. Je partage votre avis parce que c’est un organisme sérieux, compétent, expérimenté et je suis au regret de vous dire que nous n’avons pas attendu votre question de ce jour pour travailler avec le CAGIP. Le Conseil départemental a signé une convention en 2015 dans le cadre de l’appel à projet FSE 2015-2016 pour une action sur les territoires de Briey et de Longwy. Action qui s’intitulait : Préparation à une insertion professionnelle. Cette action a été suivie par 88 personnes dont 67 personnes bénéficiaires du RSA. Même si quantitativement, il est difficile de mesurer aujourd’hui les résultats de cette action, puisqu’il ne s’agissait pas d’une action en parallèle avec la réinsertion mais bien d’une préparation à l’insertion et une remobilisation de bénéficiaires du RSA, je peux vous dire aujourd’hui que 6 des personnes qui ont suivi cette action sont sorties du dispositif RSA à l’issue de cet évènement.

Qualitativement cette expérience a été fructueuse de par les initiatives pédagogiques qui ont été apportées par l’organisme, de par l’innovation qui a pris une grande part dans cette action et qui a été fortement appréciée par les personnes qui ont suivi cette action et par les services des territoires de Briey et de Longwy. Nous aurions aimé re-signer une convention en 2017. Vraisemblablement, vous connaissez bien cet organisme, donc vous n’êtes pas sans savoir qu’aujourd’hui, le CAGIP est en redressement judiciaire. Un redressement judiciaire qui a été prononcé par le Tribunal d’Epinal en octobre 2016, avec une cessation de paiement constatée dès le 1er octobre 2016. Comme vous le savez, nous ne pouvons pas signer de convention avec un organisme dans cette situation. Pour autant, si demain cet organisme – et je leur souhaite vivement et de tout cœur – reprend une santé financière qui lui permette de reprendre une activité dans le domaine de l’insertion, bien sûr, nous serons présents et nous re-signerons un partenariat avec cet organisme. Nous proposerons évidemment cette convention à la commission Développement et Insertion.

Voilà, Monsieur le Président, mes chers collègues, ce que je voulais dire sur ces éléments.

Je vous remercie.