Il faut sauver l’hôpital public !

Session publique du 19 septembre 2022.

Question d’actualité de Luc BINSINGER :

Conseiller départemental du canton de Jarville-la-Malgrange

Monsieur le Préfet,
Madame la Présidente,
Mes chers collègues,
La crise sanitaire, humaine, économique et sociale que nous traversons a mis en lumière et renforcé les dysfonctionnements du système de santé français : problèmes de recrutement et d’attractivité de l’hôpital public, épuisement des soignants, absentéisme, gestion des gardes et astreintes à l’échelle des territoires… Nous en sommes convaincus, il y a urgence à réformer notre système de santé !
En Meurthe-et-Moselle, les tensions dans les services hospitaliers sont nombreuses. Face à ce constat, il est de notre responsabilité d’apporter des réponses fortes et proportionnées. Une responsabilité collective car les changements indispensables ne seront possibles qu’avec le concours et la bonne volonté de tous.
En ce sens, nous appelons de nos voeux une action davantage coordonnée entre les services de l’État et nos collectivités de proximité, particulièrement avec notre département qui occupe une place essentielle dans le service à la personne et l’accompagnement des publics fragilisés.
Si nous avons noté que la Première ministre a fait le choix de retenir les propositions de la mission flash pour la période estivale et d’en pérenniser certaines dans le temps, les propos du Ministre de la Santé qui assurait que « les urgences vitales sont et seront toujours assurées en tous points du territoire » nous paraissent éloignés de la situation rencontrée par l’hôpital de Gentilly, qui s’est vu une nouvelle fois contraint de fermer son service d’urgences dans la nuit du 26 au 27 août et dans celle du 29 au 30 août dernier.
Dans ce contexte alarmant, je tenais à vous interroger, Monsieur le Préfet, sur les mesures qui seront prises afin d’assurer à court, moyen et long terme un accès aux soins de qualité et des conditions de travail favorables aux professionnels de santé.
Je vous remercie.
Luc BINSINGER
https://youtu.be/m8XUleYixXY
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<h2>Réponse de Arnaud COCHET :</h2>
<h6>Préfet de Meurthe-et-Moselle</h6>
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Sur la situation de l’hôpital, je rappelle que les mesures du Ségur de la santé s’élèvent à 10 milliards d’euros pour ce qui concerne la revalorisation salariale et 19 milliards d’investissement et de reprise de dette, et nous savons combien, sur ce montant national, il y a des crédits importants puisque la rénovation du centre hospitalier de Brabois est engagée pour un montant financé par l’Etat de 420 millions d’euros. Le système de santé comme vous l’avez rappelé traverse des situations de tension et notamment cet été, qui sont évidemment exacerbées par les difficultés de recrutement, mais qui sont malheureusement généralisées à l’ensemble du territoire. Des ressources humaines qui sont évidemment fragilisées par la succession de crise et 2 années de Covid ont évidemment épuisé les personnels de santé et la capacité des établissements à répondre aux besoins de de la population. En Meurthe-et-Moselle, on peut noter quand même un investissement très fort des professionnels de santé et un certain nombre d’initiatives locales qui ont été prises en lien avec la mission flash qui avait été confiée à François BRAUN devenu, depuis, ministre de la Santé, et qui s’est déplacé dans le nord du département, pour aller à la rencontre des personnels en visitant deux maisons de santé disciplinaires et le centre hospitalier de Mont-Saint-Martin. Vous savez aussi que la solidarité entre les différents établissements a prévalu.

On a essayé d’organiser, évidemment, le soutien, au niveau de l’État, de cette organisation pour l’été. Vous avez évoqué effectivement une fermeture ponctuelle des urgences à Gentilly. Vous savez, je l’ai bien noté, j’y suis attentif, que nous avons pu avoir des fermetures parfois très brèves, que ce soit sur l’hôpital de Toul, que ce soit sur l’hôpital Maillot à Briey. On est très attentif, avec les services de l’ARS, à ces situations. Bien évidemment, on peut se féliciter de ne pas avoir eu de situation critique cet été, même si elle était, effectivement, globalement très tendue. Vous le savez, également, des concertations, territoire par territoire, vont être engagées pour faire émerger des solutions concrètes et adaptées à partir de cet automne prochain, à l’initiative de l’ARS. Et, bien évidemment, en associant également les usagers. Mais le Conseil départemental sera évidemment partie prenante de cette discussion. S’agissant de la question qui a été posée sur la prise en charge médicale des personnes âgées, j’ai procédé à un recensement. De juin à fin août, ce sont 6 500 passages aux urgences concernant des personnes âgées de plus de 75 ans qui ont été enregistrés dans le département. On peut noter une augmentation par rapport à 2021 de 330, qu’il faut toutefois relativiser. 2021 était encore une année de situation sanitaire un peu particulière et donc le constat que nous faisons, c’est que les services d’urgence sont encore trop souvent un point d’entrée principale de l’hospitalisation des personnes âgées, alors que leur admission par les urgences est un facteur de risque important si l’attente se prolonge. Et l’actualité nous montre que, de temps en temps, on peut connaître des drames dans ce type de situation. Donc un certain nombre de mesures correctrices sont identifiées, que ce soit pour les personnes âgées qui sont à domicile ou que ce soit pour celles qui sont accueillies en EHPAD. Il faut, parmi les différentes pistes qui sont envisagées, faciliter le contact entre le médecin traitant, la médecine de ville et le médecin hospitalier. Assurer, si possible, une aide à domicile, évidemment, pour éviter une hospitalisation trop longue. Et puis également optimiser la disponibilité des lits d’hospitalisation par une gestion qui soit territoriale, évidemment plus affirmée et soutenir également et l’Etat s’y emploie, les dispositifs d’astreinte de nuit qui peuvent être partagés entre plusieurs EPHAD. En dernier lieu il faut repérer les fragilités par toutes les actions de prévention et essayer évidemment d’éviter ou de réduire les ruptures de parcours de soins. Voilà peut-être sur cet aspect des questions sanitaires. Je vais laisser la parole à Joan ORCIER délégué territorial de l’ARS s’il veut compléter mes propos avant de répondre aux questions sur les mineurs et la situation des étrangers.

 

M. Joan ORCIER délégué territorial de l’ARS. – Bonjour à toutes, à tous, Madame la Présidente, Monsieur le Préfet, Mesdames, Messieurs les Vice-présidents, chers élus. Monsieur le Préfet a répondu à avec précision sur ces questions. Je voulais juste poser un petit peu le contexte, en deux minutes. Notre système de santé, comme vous le savez, doit se réinterroger en profondeur. Notre système de santé est généreux. Tant mieux. Il consacre plus de 12 % de la richesse nationale, c’est-à-dire 280 milliards d’euros, à la santé. Et, malgré cette manne financière, comme vous l’avez rappelé, il y a des difficultés, hospitalières ou en ressources humaines. Donc c’est ce système-là qu’il faut faire évoluer. Des concertations seront mises en place à partir de septembre et l’ARS se réjouit de cette collaboration avec le Département. Nous n’avons pas attendu ces concertations pour qu’elle soit mise en place. Récemment, avec Madame Catherine BOURSIER et Madame Rosemary LUPO, nous nous sommes mis d’accord pour identifier des axes de collaboration. Deux axes sont prioritaires pour l’ARS en Meurthe-et-Moselle. L’accès aux médecins traitants, premier axe fort. Et le deuxième axe fort, c’est tout ce qui touche à la prévention. On soigne plutôt bien mais on prévient plutôt mal. Donc c’est une dynamique forte qu’il faut initier. Je terminerai juste mes propos par rapport aux ressources humaines. C’est l’urgence absolue. Vous l’avez souligné, sans ressources humaines, on a beau envisager des projets, rien ne se fera. Donc, également en concertation avec vous, chers élus et Département, une collaboration, une réflexion. Vous connaissez bien vos territoires. Les problèmes sont territoriaux, les solutions seront aussi territoriales et émaneront des territoires.