Fermeture du collège de Badonviller

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Session publique du 14 mars 2016.

Intervention de Michel MARCHAL:

(Conseiller départemental du canton de Baccarat)

Monsieur le Président,

Dans ce rapport vous évoquez  l’Est Lunévillois.

Après avoir, en 2012, tenté maladroitement une opération de réorganisation du maillage du territoire, vous avez pris une décision. Faute d’accord entre les acteurs, vous prenez l’initiative de fermer le collège de Badonviller à la fin de l’année scolaire et celui de Blamont en 2017.

Les élèves de ces deux collèges seront regroupés principalement sur Cirey, pour le secteur de Badonviller, et à la fois Cirey et Bénaménil pour le secteur de Blâmont.

La proposition que vous nous faites aujourd’hui est différente de celle de 2012. A l’époque, Badonviller, Blamont et Bénaménil devaient fermer. Un collège neuf devait être construit là où le territoire l’aurait souhaité, à Ogéviller ou Herbéviller. Bénaménil était à l’époque un collège Pailleron. Il ne l’est plus !

Le schéma avec fermeture de 2 collèges au lieu de trois, comme présenté aujourd’hui, a l’avantage de ne mécontenter que deux territoires.

La difficulté sur l’Est Lunévillois est liée à la construction du collège de Cirey. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que ce choix fût une erreur. C’est Michel Dinet qui en a pris la décision, seul, sans consulter qui que ce soit ! Ce choix, très politique, personne ne le conteste mais il pollue actuellement le débat.

Vous-même, vous n’hésitez pas à dire que la page n’est pas blanche et que si elle devait être réécrite, elle serait différente. Nous voyons bien là tout le paradoxe ! Cirey n’était pas le bon endroit ! Aujourd’hui, le département est seul responsable de ce choix. Je rappelle que vous apparteniez à la majorité qui a construit ce collège.

Avec un tel handicap, toutes propositions deviennent difficiles. Elles se heurtent à de l’amertume et à un sentiment d’injustice.

Je crois, que sur ce territoire, les gens ont du bon sens et peuvent comprendre les choses.

La ruralité n’est pas synonyme d’immobilisme.

Mais ils ne veulent pas être les victimes. Ils ne veulent pas non plus être abandonnés. Lassés d’entendre les discours les plus divers sur la fragilité de l’est lunévillois et sur la volonté de tout mettre en œuvre pour sortir ce territoire et ses habitants de la précarité qu’on leur prête, ils ne font plus confiance à la parole publique, ils n’écoutent plus et se réfugient vers les extrêmes.

Nous devons nous aussi entendre ce message.

Les études INSEE mettent en évidence, comme dans beaucoup d’endroits du département, une chute des effectifs dans les 10 années à venir. Cependant, alors que vous décidez de fermer en premier le collège de Badonviller, l’INSEE précise que cet établissement est celui qui serait le moins impacté par la baisse d’effectifs. Le collège neuf de Cirey qui accueille, 120 élèves en 2016, verrait ses effectifs chuter à 70. Ces chiffres confirment l’aberration du choix réalisé par votre prédécesseur.

Néanmoins la décision est prise. Les arguments avancés relatifs à la qualité de l’offre pédagogique sur ce nouveau collège sont incontestables. Mais ils ne remettent nullement en cause celle prodiguée actuellement à Badonviller ou à Blamont.

La fermeture d’un établissement scolaire doit être mesurée. Son impact est d’autant plus fort que le territoire est fragile. Les conséquences économiques et sociales doivent être prises en compte.

Monsieur le Président, la décision que vous avez prise interpelle pour plusieurs raisons.

Vous n’avez pas mesuré ces conséquences humaines et économiques.

Il y a quelques années, votre prédécesseur s’était heurté à l’hostilité des habitants du territoire. Vexé, il avait reculé. La situation est différente. Les esprits se sont apaisés.

Cependant, la méthode, dans sa brutalité, est la même. Elle est contestable. Il y a deux mois, vous écriviez aux parents pour leur annoncer qu’à la rentrée prochaine, leurs enfants seront scolarisés à Cirey. Et pourtant, l’assemblée départementale n’avait pas encore délibéré sur cette fermeture.

Nous le faisons seulement aujourd’hui.

Comment devons-nous interpréter ce déni de démocratie ?

La méthode est pour le moins curieuse. L’anomalie ne s’arrête pas là.

La décision de fermeture s’est faite sans concertation avec le territoire et plus particulièrement les représentants de la Mairie et du SIS sans oublier les parents d’élèves, les enseignants et les maires des communes rurales concernées.

Aucun échange, en amont de cette décision, sur le bienfondé de la démarche, sur la carte scolaire et la sectorisation, sur le devenir du patrimoine immobilier et de l’utilisation du gymnase, sur la restauration des primaires qui étaient accueillis au collège. Rien non plus sur les transports scolaires.

Attitude surprenante et maladroite. Pourquoi tant de brutalité ?

La réunion récente devant les élus municipaux a mis en évidence toutes ces lacunes. A ce jour, tout n’est pas solutionné et nécessite des tractations. L’acceptation passe par la communication et le dialogue.

Par la manière utilisée, vous avez créé sur ce territoire une fracture démocratique. La ruralité mérite plus de respect.

Pour avoir travaillé sur la fermeture des écoles primaires, il m’est difficile d’accepter cette façon de faire, c’est pourquoi, au regard de la méthode, je voterai et tout notre groupe votera contre cette fermeture.