Covid-19 : Et maintenant…

 

Session publique du 30 Juin 2020

Intervention de Luc BINSINGER :

Conseiller départemental du canton de Jarville-la-Malgrange

 

Monsieur le Président,

Mes chers collègues,

 

Ce rapport qui dresse le bilan de l’action de notre collectivité et des agents durant la crise sanitaire est un exercice des plus utiles. Permettez-moi de saluer une fois de plus l’extraordinaire mobilisation de nos agents et plus généralement de nos concitoyens dans leur ensemble qui ont su faire face à un implacable ennemi la covid-19. C’est cette mobilisation qui a permis, après plusieurs semaines de lutte, de faire reculer la maladie, l’endiguer, même si les décès déplorés nous laissent tristes et  amers. Alors que ce virus frappe toujours dans de nombreuses parties du monde, nous mesurons combien nous devons rester sur nos gardes.

La crise sanitaire que nous venons de traverser marquera à coup sur l’histoire de notre pays. La récession violente dans laquelle nous entrons laissera des traces durables partout en France et bien entendu dans notre département de Meurthe-et-Moselle.

Les prévisions économiques, qui pour l’instant ne sont que sont que des chiffres donnés par  le FMI ou l’INSEE, laissent entrevoir l’extrême difficulté de la réalité qui devrait nous frapper dans les semaines et les mois qui viennent. En 2009 suite à la crise financière le PIB français a reculé de 2,9%. Pour cette année 2020 on nous annonce une contraction entre 10 et 12,5%. C’est vertigineux ! Le choc sera rude pour nos acteurs économiques et les salariés ! Tout doit être fait à tous les niveaux pour l’amortir du mieux que nous pourrons.

Ce n’est pas un secret monsieur le Président, nous ne partageons pas les mêmes idées, vous ne serez donc pas surpris de constater que certaines de vos proposition formulées dans ce rapport suscitent de notre part un certain scepticisme, d’autant plus que ces propositions sont des recettes que vous avez déjà négativement expérimentées.

La succession de mots valises et l’enfonçage de portes ouvertes… Tout cela peine à cacher votre manque d’ambition et surtout de concret. Effectivement il faut mieux accompagner les évolutions démographiques, oui nous aussi nous voulons vivre dignement en Meurthe-et-Moselle. Evidemment qu’il faut développer le pouvoir d’agir des Meurthe-et-Mosellans et pour finir nous serons tous unanime sur le fait de mieux nous préparer aux crises futures. A la lecture de ce rapport, puisque vous avez si bien tout réussi, on ne peut que se dire : « surtout ne changeons rien, continuons de plus belle dans la même direction ».

Nous souhaitons toutefois, saluer et relever un pas dans la bonne direction puisque nous adopterons au cours de cette session un rapport qui permettra aux bénéficiaires du RSA de pouvoir cumuler cette allocation avec le revenu d’un travail saisonnier de maraîchage ou de vendanges. Cela fait plusieurs années que nous vous demandions d’imiter cette démarche entreprise par les départements de la Marne, du Haut-Rhin ou de la Gironde. Ce sera chose faite cette année. Nous le saluons ! Mais cette demande est bien faible par rapport au retour au  travail de ceux qui en ont perdu les repères et les bienfaits.

Nous sommes à l’inverse toujours aussi circonspect sur votre projet de revenu de base. Notre opposition sur ce point est d’ordre idéologique. Alors que nous avons besoin de faire redémarrer l’économie. Alors que cette dernière repose sur le travail de Français. Alors que tout notre système social est financé par le travail, vous proposez au risque de l’abîmer, de travailler moins. Voir pour certains pas du tout. Mes chers collègues, qui paiera ? « Ce n’est pas cher c’est l’Etat qui paye » avait dit en son temps François Hollande, auteur du  « Mon ennemi, c’est le monde de la finance ». Mais au final ce n’est pas la finance qui a payé, ce sont les français, les classes moyennes et populaires qui travaillent pour vivre dignement qui ont finalement payé. Ce sont les infirmières, les aides-soignants, les enseignants, les policiers, les ouvriers, les artisans qui au final devront payer votre projet, alors que c’est justement eux que nous devrions accompagner! Toutes ces personnes qui n’ont droit à aucune aide, car elles gagnent juste un peu trop, et qui du coup doivent payer leurs impôts au prix fort. Ce que vous donnerez d’un côté, vous le reprendrez de l’autre. Au fond, vous oubliez le message des nombreuses femmes qui s’étaient rassemblées sur les ronds-points à l’hiver 2018 avec les gilets jaunes. Elles ne demandaient pas une nouvelle allocation, elles voulaient simplement avec leurs familles vivre dignement de leur travail. Ce sont des emplois que nous devons pouvoir offrir aux français, pas une allocation financée par la dette et donc par les impôts.

Vous ne vous posez pas les bonnes questions. Oui la politique du rabot conduite par les gouvernements successifs depuis des décennies nous a conduits au bord du désastre. Sans l’ingéniosité et la capacité d’adaptation des personnels soignants qui ont pu en quelques jours doubler notre capacité de réanimation nous serions tombés dans le gouffre. Cette crise sanitaire a révélé à quel point on avait ponctionné jusqu’à la moelle nos hôpitaux. Les français se demandent légitimement comment est-ce possible dans le pays le plus fiscalisé du monde, dans le pays où la dépense publique représente plus de 56% de la richesse nationale. Ce qui est vrai pour les hôpitaux est vrai également pour l’école, pour la justice, pour les transports… Légitimement les français se demandent où vont les 44% de la richesse nationale qui leurs sont prélevés, taxés, imposés… en ont-ils pour leur argent ? Clairement non. Les allemands ont démontré qu’on pouvait dépenser moins, taxer moins et avoir des hôpitaux équipés avec un personnel soignant bien payé.

Vous revenez sur le rapport de Karl Heintz Lambert. Nous vous avions demandé une chose : du concret. Pas de comité théodule, de délégué interministériel, de commission ou de nouveau groupe de travail, de rétrocession. Tout ça ne mènera nul part. Nous vous avions fait une proposition. Une ligne TER à grande Vitesse qui irait de Nancy à Luxembourg. J’ai noté que vous l’aviez reprise il n’y a pas si longtemps. Saisissons l’opportunité que représente le plan de relance Européen de 750 milliards d’Euros pour lancer cet investissement qui est aujourd’hui une nécessité ! Si en Alsace ou en Normandie, des trains peuvent circuler à 200km/h nous devons aussi y parvenir. Nous ne pouvons pas continuer indéfiniment à regarder l’A31 arriver à saturation sans rien faire. Nous n’avons pas de temps à perdre, car c’est en se mettant dès aujourd’hui en ordre de bataille avec l’ensemble des collectivités lorraines et avec le Luxembourg que nous pourrons proposer à l’Etat et à l’Europe une projet ambitieux qui allie à la fois la progrès économique et le progrès environnemental.

Depuis le début du mandat départemental, nous dénonçons, à juste titre, la baisse de l’aide aux communes. Les CTS dans leur partie «  investissement » doivent être renforcés. Le département doit participer à la relance de l’économie. Depuis des années, l’endettement départemental est au plus bas. Nous devons en profiter pour relancer l’investissement aux côtés des communes. Maisons de santé, restauration du patrimoine, isolation des bâtiments, enfouissement des réseaux, remplacement des chaudières à gaz et fuel par la biomasse, requalification urbaine, développement des bourgs centre, l’aménagement et l’entretien des cours d’eau,…les exemples ne manquent pas ; tous ces projets doivent être soutenus et financés

Nous faisons notamment une proposition. Notre collègue Stéphane Pizelle a abordé la situation de Saint-Gobain PAM lors des questions d’actualités. Le département se doit de soutenir les communes dans leurs travaux d’assainissement là où l’agence de l’eau a déserté en créant un fond spécifique Nous devons soutenir ce fleuron départemental ! Ce serait bon pour l’économie, ce serait bon pour la planète ! Nous ne pouvons plus tolérer que nos rivières soient polluées alors que nous aurions du déjà avoir fini ce travail depuis des années.

Monsieur le Président, tout au long de cette crise vous avez voulu démontrer que vous étiez tout à la fois Ministre de la Santé, Préfet du Département, Président du Département, Président de la Métropole, Directeur Général des Services, Président d’EHPAD,… bref on a vu beaucoup d’articles, de posts et de tweets mais les résultats concrets, chiffrés, quantifiés sont faibles, pardon très faible !

C’est en misant sur du concret que nous pourrons aider les meurthe-et-mosellans. Promettre un « monde d’après » est une entreprise hasardeuse. Après tout, la promesse du « nouveau monde » n’est pas si ancienne. Qu’a donné cette promesse ? Je crois que c’est en agissant à notre niveau, par  des actions et des projets concrets que nous répondrons aux attentes de nos concitoyens. L’épreuve que nous nous apprêtons à vivre sera brutale. Les quelques propositions concrètes que nous formulons ici répondent à la fois à la nécessité immédiate de relance de l’économie ainsi qu’aux grands enjeux et défi de notre territoire.

 

Luc BINSINGER

 

intervention Lu Binsinger