L’avenir des haras de Rosières-aux-Salines : proposition d’un transfert de la propriété à la Région

qa-thibault-bazin-haras-rosieres-BIG

Session publique du 23 Juin 2016.

Question d’actualité de Thibault BAZIN :

(Conseiller départemental du canton de Lunéville 2)

Monsieur le Président,

Le 9 juin dernier, la vice-présidente du Conseil départemental. Audrey NORMAND, dont l’implication est remarquable dans sa délégation, a invité le vice-président de la nouvelle Région Grand-Est, Philippe MANGIN, sur le site des haras à Rosières-aux-Salines pour échanger sur son avenir.

Je la remercie d’ailleurs d’avoir aussi convié les conseillers départementaux du canton concerné.

Cette propriété départementale depuis 1983 accueille l’Institut Français du Cheval et d’Équitation (IFCE), le Pôle Hippique de Lorraine (PHL) ainsi que la SCIC Haras régional. Les travaux engagés par le Conseil départemental en 2010 ont permis de moderniser le site mais sont insuffisants.

Avant tout, le site doit être mis aux normes qu’il s’agisse de la vétusté des installations électriques ou de la quasi-absence d’assainissement. Le site a aussi surtout besoin d’investissements indispensables pour être mis à niveau afin d’assurer la pérennité des acteurs présents de la filière équine.

D’un côté, la SCIC, qui a permis le maintien du savoir-faire français notamment de l’étalonnage pur-sang après la fin de l’étalonnage public, a besoin de disposer d’un nouveau bâtiment permettant d’isoler les étalons du reste du site et répondre ainsi aux exigences d’un agrément européen pour l’export des semences.

Cet investissement est indispensable pour pérenniser la reproduction sur ce site. Elle travaille déjà avec des haras allemands mais la poursuite de cette collaboration ne pourra se faire qu’à travers l’obtention de l’agrément européen.

D’un autre côté, le PHL a besoin d’installer de manière permanente près de 120 boxes et de locaux pour le stockage du fourrage et du matériel, ce qui lui permettrait d’équilibrer budgétairement son activité. Des fonds Eperon sont susceptibles d’être mobilisés à court terme.

Enfin, l’Institut Français du Cheval et de l’Équitation, héritier des infrastructures des ex Haras nationaux, poursuit sa restructuration à travers une nouvelle organisation territoriale qui va l’amener à concentrer encore davantage l’essentiel de ses moyens (25 ETP) dans le cadre de ses missions d’institut sur ce site. Il s’agit de le consolider dans le Grand-Est pour assurer à long terme la permanence de ces services publics (traçabilité sanitaire, formation, préservation de la richesse génétique équine…).

Ce site du Haras de Rosières-aux-Salines est retenu comme Pôle unique pour la région Grand-Est par les responsables de la filière équine des 3 anciennes régions, non seulement pour sa situation géographique, mais également pour la pertinence de ses équipements. Il va être également, dans le cadre du Grand-Est le siège opérationnel du Conseil des Chevaux et du Comité Régional, fort de près de 60 000 licenciés. Son rayonnement dépasse notre département.

L’étude organisationnelle, économique et juridique sur ce site des haras de Rosières, que vous avez commandée fin 2015, estime que « la pluridisciplinarité du site est, dans le cadre de la réforme territoriale, marquée par la prépondérance des missions qui relèvent aujourd’hui de l’échelon régional. Tel est le cas du développement économique, de l’aménagement du territoire, de l’agriculture et de la formation professionnelle. » L’étude estime aussi que « des évolutions institutionnelles s’imposent ».

Un transfert de propriété vers la Région Grand-Est apparaît ainsi souhaitable et envisageable. Pour autant, le coût des mises aux normes et des investissements afin de mettre à niveau cet équipement sont tels qu’une cession à « un euro payant » pourrait se justifier afin d’inciter la Région à réaliser les investissements indispensables: Monsieur le Président, êtes-vous prêts à en étudier le principe?

 


Réponse d’Audrey NORMAND :

(Conseillère départementale du canton de Neuves-Maisons)

Merci Président.

Chers collègues, cher Thibault, le Département qui est propriétaire du site des haras de Rosières  depuis 1983 a toujours marqué sa volonté d’accompagner la filière équine en lui offrant un statut privilégié pour la valorisation de l’élevage régional et pour la pratique sportive. C’est dans ce cadre que nous avons engagé en 2008 un projet ambitieux de plus de 3 millions d’euros afin de doter les haras de Rosières d’aménagements complémentaires destinés à en faire un site d’excellence pour la filière équine.

Cet objectif d’excellence est aujourd’hui atteint, au regard de la reconnaissance que lui portent les éleveurs, les sportifs et bien sûr les spectateurs, qui sont de plus en plus nombreux à prendre part aux manifestations puisque ce sont 30 à 50.000 personnes par an qui se rendent à Rosières.

Aujourd’hui, le Département souhaite que le site des haras de Rosière poursuive son développement pour à la fois répondre aux demandes légitimes des acteurs de la filière équine occupants, pour concourir davantage au développement et à l’attractivité du territoire, et enfin pour conforter son rôle de site majeur de l’est de la France et sa dimension de rayonnement qui va bien au-delà du périmètre départemental comme vous le soulignez. L’échelle régionale me parait en effet pertinente au regard d’une part de la stratégie des haras nationaux qui conforte le positionnement du site de Rosières, d’autre part de l’évolution des compétences des collectivités territoriales induite par la loi NOTRe.

L’agriculture, et notamment l’élevage, relèvent désormais clairement des compétences du Conseil régional. Mais aussi l’échelle régionale me parait pertinente au regard du rayonnement économique sportif et touristique d’envergure nationale du site et des manifestations qui s’y tiennent.

C’est pour ces raisons qu’il m’a semblé légitime que le Conseil régional s’implique dans ce dossier et que j’ai invité Philippe MANGIN, vice-président du Conseil régional sur le site, le 9 juin dernier. A cette occasion, la Région a manifesté son intérêt pour s’investir dans le développement du site. La question que vous posez d’une session à l’euro symbolique ou non et qui a été formulée par la Région lors de sa visite fera en effet partie des hypothèses qui seront étudiées conjointement à l’issue de la présentation des conclusions de l’étude confiée au cabinet SGP. C’est d’ailleurs le sens du courrier que j’ai adressé à Philippe MANGIN la semaine dernière en l’invitant à participer à la restitution de cette étude qui aura lieu le 29 juin prochain.

Le Département, en tant que propriétaire actuel, entend bien assumer son rôle et continuera à travailler de manière transparente et concertée avec l’ensemble des partenaires concernés et ce, dans l’intérêt général du territoire. Nous serons particulièrement attentifs à ce que le site continue d’être un lieu d’ouverture sur son territoire, à ce que les acteurs du territoire y prennent leur part, et notamment la commune et la communauté de communes, et à ce que le devenir du site des haras de Rosières-aux-Salines, s’intègre dans une réflexion plus globale sur les enjeux territoire en lien avec ses grands équipements et le Château de Lunéville en particulier. Je vous remercie.