Un budget 2021 ni réaliste, ni résilient, ni résistant !

 

Session publique du 16 décembre 2020

Intervention de Luc BINSINGER :

Conseiller départemental du canton de Jarville-la-Malgrange

 

Madame la Présidente, Mes cher(e)s collègues,

 

L’année 2020 aura été marquée par 2 évènements majeurs ;

Les attentats meurtriers qui ont de nouveau touché au cœur nos concitoyens et la crise sanitaire liée à la Covid 19.

Comme en 2018, nous souhaitons rendre un hommage à toutes les victimes et familles touchées par les attentats meurtriers perpétrés en 2020, gestes lâches et cruels, d’individus prêt à tuer des innocents en dehors de tout sentiment humain ; ici devant une école de la République, là au cœur d’une Eglise, s’en prenant ainsi à nos fondements culturels, cultuels et historiques et de fait à nos valeurs républicaines.

Crimes odieux commis au moment où nos concitoyens subissent une épreuve autant inattendue que meurtrière avec la pandémie liée à la Covid 19.

Plus de dix mois à respecter des consignes sanitaires et autres gestes barrières contraignants, affaiblissant le moral et le quotidien de nos concitoyens, et pesant très fortement sur l’économie locale et nationale.

Pandémie générale avec des millions de morts et une crise économique mondiale dont les effets marqueront à jamais notre civilisation.

Pour autant, nous devons, comme l’ensemble des élus de la République, les personnels de santé, les forces de secours et de protection de la population, faire face à cette double crise.

C’est notre engagement devant la nation, notre engagement devant nos populations qui nous confient une partie de leur destin.

Le Président de la République, son gouvernement, les institutions nationales et territoriales œuvrent pour enrayer cette maladie avec notamment l’arrivée imminente de vaccins. Gageons que nous saurons collectivement accompagner nos concitoyens et nos entreprises pour faire face à toutes les situations subies et destructrices d’emploi !

C’est avec cet espoir que nous avons étudié le projet de Budget Primitif 2021 ! :

Je tiens d’abord, au nom de mes collègues du groupe UDC, à remercier l’ensemble des personnels des services du département, dont nous connaissons l’implication, la disponibilité et le travail, pour l’aide apportée à la rédaction de ce BP_2021.

Dans notre Département, force est de constater que l’immobilisme s’installe durablement. Rien d’étonnant mais cela fait 3 ans que nous le dénonçons !

Et, puisque c’est le moment, je comparerais ce budget au dernier acte d’une pièce de théâtre qui a commencé il y a quelques années où, Madame la Présidente, vous n’étiez qu’assistante metteur en scène, puisque c’est notre collègue Mathieu Klein qui venait de prendre la direction des lieux, pour 6 ans.

Aujourd’hui, l’acte que vous nous proposez est le dernier  avant l’approbation (ou pas) des spectateurs attentifs et de plus en plus exigeants que sont nos concitoyens, premiers concernés par la pièce, qu’au nombre de 28 acteurs, vous nous avez joué depuis 2015 !

Un budget 2021, certes impacté par la crise sanitaire, économique et sociale que nous subissons mais en tous points identique au précédent tant les chiffres proposés sont reportés méthodiquement.

Cela préfigure-t-il d’un manque de sincérité des auteurs dans l’écriture ou de faits dissimulés dans les dialogues de ce dernier acte ?

Les prochains Budgets Supplémentaires et Décisions Modificatives  nous en dévoileront les réels écueils avant le couperet du Compte Administratif 2021.

EN 2020, NOUS EN AVIONS FAIT LE CONSTAT IMMUABLE. EN 2021, LE BILAN DE LA REPRESENTATION EST SANS APPEL :

  • « Pour l’éducation » 183 M€ annoncés fin 2021 qui sont à modérer à la lecture des Comptes Administratifs où sur la période 2012-2019, 168 M€ auront été réellement dépensés et si les engagements budgétaires 2020 & 2021 sont honorés ; ce qui n’a jamais été le cas au constat des DM(s) successives, en 2020 : ce sont 7,6 M€ qui ont été amputés aux crédits votés en décembre dernier. Le Plan Collège Nouvelles Générations, c’est seulement 50% d’un plan qui devait être terminé en 2018 et sera au mieux achevé en 2027 ! Un acte bien plus lent qu’annoncé et qui a pourtant vu de pleines pages médiatiques tapageuses !
  • « Au côté des plus fragiles », lutte contre la pauvreté et l’accès à l’emploi, pour lesquels notre collègue Jean LOCTIN, nous en a fait la démonstration en novembre dernier, lors du DOB-2021, dois-je vous le rappeler ! Depuis 2015, 835 M€ consacrés au titre de la solidarité pour ceux dont le chômage ronge la vie ! Face à cette situation dramatique, seuls 31 M€ correspondent au développement d’actions d’insertion et à la mobilisation de politiques d’insertion ! C’est moins de 4% consacrés à cette politique pourtant si nécessaire en ces périodes de crise sanitaire, économique et sociale ! Alors que les allocations RSA de longue durée (5 ans) ne représentaient qu’un tiers du total des personnes concernées, elles en représentent aujourd’hui la moitié ! Malgré l’abondance des partenariats financés çà et là, notamment avec les 73 structures d’insertion, cela n’a abouti qu’à de très faibles sorties dans l’emploi durable au regard des 22.000 foyers concernés ! Un acte manqué au bout du compte !
  • « Au côté des plus fragiles » concernant l’autonomie des personnes âgées et handicapées, un accompagnement légitime vers celles et ceux qui subissent de plein fouet la crise sanitaire, les plus touchés par les décès dans le EHPAD et les établissements d’accueil sans que leurs familles aient pu les accompagner. Celles et ceux dont la solitude devient pire que la menace de la maladie et, pour lesquels, il nous faut mobiliser tous nos efforts et moyens pour leur faciliter l’accès aux services d’aides à domicile et leur proposer plus de places dans des établissements nouveaux et à proximité de leur famille. Un acte inabouti quand vous disiez déjà en 2015 : « qu’un effort serait consenti en faveur de la programmation de nouvelles places en établissement pour les personnes âgées ». MK – déc 2014.
  1. Vous n’y consacrez plus aucun crédit d’investissement !
  2. En 5 ans, seules 20 places supplémentaires ont été créées dans les foyers pour personnes handicapées (passant de 1173 ………à 1193) !
  • « Un bilan sans appel concernant l’enfance », pour lequel une nouvelle contractualisation 2020-2022 doit intervenir dans le cadre de la stratégie de Prévention et de Protection de l’Enfance. Compétence très sensible pour les uns et les autres sachant que les équipements d’accueil ne sont toujours pas à la hauteur des besoins recensés. A quand l’achèvement des structures d’accueils adaptées notamment la nouvelle pouponnière et la maison de la parentalité à Laxou ? Un acte inachevé quand vous disiez déjà en 2015 : « vouloir lancer un plan de rénovation des bâtiments de l’aide sociale à l’enfance ». MK – déc 2014.

 

  • « Un bilan sans appel concernant l’accueil inconditionnel des Mineurs non accompagnés MNA(s) et le dispositif Contrats Jeunes Majeurs CJM(s), pour lesquels les situations, bien qu’elles doivent être humainement et individuellement considérées, entrainent notre collectivité dans une impasse budgétaire quant aux moyens à consentir pour l’hébergement et l’encadrement de ces jeunes.
  1. Au 31/12/15 : … 150 MEI(s), mineurs étrangers isolés, étaient accueillis.
  2. Aujourd’hui, au 31/12/20 : … 720 jeunes seront pris en charge.

Un accueil et un accompagnement pour plus de 13,5 M€ en 2021. Pour la première fois depuis 2015, un budget spécifique est consacré au Contrat Jeunes Majeurs. Tout cela sans que rien                  n’aboutisse des demandes vers l’Etat et alors que vous nous annoncez d’ores et déjà une « explosion » des postes à créer au REMM  et que 2 bâtiments (site Sadoul) vont créer 110 places                    pour 7 M€ (investissement). Un acte obéré tant les dépenses à venir seront conséquentes !

  • « Un bilan sans appel concernant les territoires », sachant que l’accompagnement du Département vers les collectivités et associations nous semble inéquitable d’un territoire à l’autre.
  1. Beaucoup d’élus sur le terrain s’interrogent sur les critères convenus pour « être ou ne pas être », par exemple, commune fragile ? Pourquoi ici, des petites communes sont exclues et là, d’autres communes moyennes, plus autonomes financièrement, sont retenues ?
  2. Comment des élus qui cherchent vainement des financements pour ici réaliser/réhabiliter/construire un projet pourraient-ils comprendre qu’ailleurs d’autres bénéficient, par exemple, d’une halle sportive « gratuite » payée par le Département ?
  3. Pourquoi d’un territoire à l’autre, des projets sont ici financés et là balayés d’un revers de main ?

      Un acte dévoyé qu’il faudra réécrire !

 

  • Enfin, « une gestion rigoureuse et responsable » dont vous vous auto gratifiez mais dont nous aurons, au détour du rapport de la Chambre Régionale des Comptes, l’occasion d’émettre nos réserves  et observations ! Oui, une situation sanitaire, économique et sociale actuelle très dégradée ! Situation qui impacte déjà et continuera de pénétrer la vie de tous nos habitants et toutes nos entreprises marchandes et culturelles pour des dizaines d’années encore ! Situation qui touche, par rebond, notre collectivité notamment, les publics les plus fragiles, et ce qui fait notre cœur de métier ! Pour autant, les difficultés issues de votre gestion départementale ne sont pas nées de la crise de la Covid 19. La réplique est la même chaque année ! Vous jouez d’effets d’annonces au moment des budgets et feigniez les renoncements opérés lors des BS(s) et DM(s) successifs ! Un exemple, le PCNG où rien qu’en 2020, … 7,6 M€ auront été amputés aux crédits votés en décembre dernier.

Nous nous devons évoquer les reports chroniques concernant :

  • L’installation des archives départementales!
  • Le lancement du projet de la pouponnière et le centre parental!
  • Les travaux au château de Lunéville où, 17 ans après l’incendie, n’ont été affecté que les crédits de l’assurance et/ou les subventions de nos partenaires sauf ceux des Donateurs pour lesquels vous n’avez encore rien fait ! Et où, d’ailleurs, la préfiguratrice est sortie discrètement par la porte des artistes.
  • L’engagement financier pour la réalisation du dernier tronçon de la RN4Un acte gravé dans le marbre !

 

Nous n’oublions pas non plus :

  • Le co-développement transfrontalier  avec son lot d’intentions qui masquent de plus en plus mal le double langage dont vous devenez prisonnière,
  • La colline de Sion : abreuvée par la taxe d’aménagement (11 M€) !
  • L’ESS : une économie subventionnée, … perfusée, … qui trouve grâce à vos yeux car elle rime avec cogestion idéologique
  • Les OUVRAGES D’ART : pour lesquels vous nous proposez, enfin, une programmation pluriannuelle mainte fois réclamée par notre groupe !
  • N’oublions pas non plus votre défaut d’engagement concernant les Infrastructures comme le contournement de Saint Nicolas de Port par exemple.

 

Les meurthe-et-mosellans n’oublieront pas non plus les investissements hasardeux :

  • La Ferme « Vautrin » abandonnée à son sort pour 500.000 € !
  • La Forêt de Meine : achetée 1 M€ pour laquelle on ne sait rien !
  • La « Halle aux grains » à Lunéville : 000 € dont on nous a annoncé en commission la mise en vente ! … pas la passerelle !

En même temps, des choix qui impactent toujours aussi durablement nos budgets et nos marges de manœuvre :

  • L’ouverture du Centre des Mémoires, et le coût du contentieux juridique !
  • Le Partenariat Public Privé (PPP) avec Mémonet, et ses engagements financiers !
  • La Territorialisation et maintenant les MDS où 13 M€ sont nécessaires à leur consolidation !
  • Le Plan Collèges Nouvelles Générations, je l’ai dit qui ne sera livré au mieux qu’en 2027 et ne représentera guère plus que les inscriptions antérieures !

Enfin, les décisions qui font que les M&M contribuent encore largement à l’effort budgétaire : la taxe d’aménagement pour 4,2M € avec 10M€ de stock, Celle sur l’électricité pour près de 6.8M € et celle de la taxe additionnelle au DMTO pour près de 80 M€ sont vos impôts quoiqu’il vous en coute de l’entendre ! Impôts jamais disparu depuis 2015 !

 

Madame la Présidente, désormais «réalisatrice en cheffe » de ce dernier acte 2021, dont vous n’avez rien changé aux principes et préceptes de votre prédécesseur jusqu’à recopier pour la quasi-totalité des opérations, les inscriptions budgétaires 2020 !

 

C’est une session budgétaire 2021 en forme de « clap de fin » qui parachève un long mandat que j’ai volontairement voulu comparer à une pièce de théâtre, pouvant se comparer à une tragédie en 6 actes de 2016 à 2021 où de budget en budget, de compte administratif en compte administratif, la démonstration a été faite de votre « capacité », il faut bien vous reconnaître quelques qualités,

  • A occulter la réalité,
  • A maquiller les faits,
  • A masquer votre responsabilité,
  • A poudrer les yeux de nos concitoyens,
  • A jouer des verbes et des langages,
  • A ne pas divulguer au public ce qui est la réalité des coulisses !

Vous comprendrez Madame la Présidente, Mes chers collègues que nous ne cautionnerons pas cette pièce attristante et que nous voterons contre ce BP 2021 qui n’est pas un budget de réalisme, de résilience, et de résistance comme vous le dîtes MAIS un budget d’autosatisfaction, de procrastination et d’admonestation.

Luc BINSINGER

 

 

 

Budget 2021