Contre la suppression de la liaison OUIGO Nancy-Paris

Session publique du 20 septembre 2021.

Question d’actualité de Nathalie ENGEL :

Conseillère départementale du canton de Laxou

Monsieur le Préfet,
Mes chers collègues,

Je ne souhaite pas revenir à la genèse du projet du TGV Est mais je souhaite rappeler que la Ligne à Grande Vitesse-Est a été cofinancée par les collectivités territoriales pour aider au développement économique d’une région qui a été, à nombreuses reprises, victime des restructurations industrielles. Notre département, comme l’ensemble de notre région, a dû financer un projet qui, partout ailleurs, était financé par Réseau Ferré de France et l’État.

Cette Ligne à Grande Vitesse est un élément essentiel de la survie économique d’un certain nombre d’entreprises mais également nécessaire et indispensable à différents projets de développement.

À l’heure où les dessertes aériennes de notre région sont quasi inexistantes, à l’heure où les dessertes ferroviaires Nord-Sud ont été supprimées le temps de trop longs travaux sans avoir une réelle garantie d’une reprise de cette liaison, notre département ne peut rester muet face à ce nouveau camouflet.

Certes, les TGV continueront à desservir notre région mais à quelle cadence et surtout à quel prix ? Nous n’avons pas de visibilité sur un retour à la normale après la pandémie en termes de nombre de rotations entre Nancy et Paris ? La suppression annoncée il y a quelques semaines par la SNCF de l’offre OUIGO est en réalité incompréhensible.

Nancy compte environ 55 000 étudiants, ce qui en fait une ville qui devrait être prioritaire pour cette offre de transport écologique low cost.

Monsieur le Préfet, il est du devoir de l’État de défendre l’ensemble de son territoire et plus particulièrement de veiller à une bonne et équitable redistribution des moyens de transport afin d’éviter toute désertification. Des élus de tout bord politique ont interpellé la direction de la SNCF pour réclamer un dialogue constructif avec les collectivités territoriales.

L’État doit imposer à la direction de l’entreprise publique de revoir sa copie. Monsieur le Préfet, l’attractivité du sud lorrain et notamment l’Université de Lorraine a besoin de conserver cette desserte low cost pour maintenir son attractivité et sa compétitivité. Imaginez, autrement, le handicap de Nancy dans la bataille universitaire.

Pour un étudiant, le coût de transport pour se rendre de sa région d’origine à son lieu d’études peut être déterminant dans son choix.

La desserte low cost de Nancy est également nécessaire au développement du tourisme. La création d’un pôle thermal sur notre territoire doit permettre de relier la capitale avec des coûts compétitifs.

Monsieur le Préfet, en qualité d’élue départementale particulièrement attachée à l’attractivité de notre territoire et au nom du groupe de l’Union de la Droite et du Centre, nous vous demandons de faire le nécessaire pour réunir les dirigeants de la SNCF, les ministres concernés et les représentants de nos territoires afin de sursoir à cette décision dans un contexte déjà bien compliqué pour nos jeunes, nos étudiants et pour les familles modestes, dont le seul moyen de gagner la capitale est l’offre OUIGO.

Je vous remercie.

Nathalie ENGEL 

 

 

Réponse de Arnaud COCHET

Préfet de Meurthe-et-Moselle

La liaison Nancy–Paris est actuellement caractérisée en rotation quotidienne par 7 TGV, 1 OuiGo et 2 TER. Le temps de trajet moyen de la liaison TGV s’effectue
en 1h35, contre 3h20 en TER.

SNCF Voyageurs constate que, du fait de la crise sanitaire, le trafic voyageurs a diminué. Le service voyageurs OuiGo utilise un matériel roulant ayant une capacité supérieure aux rames TGV Duplex de 20 % et répond majoritairement à un besoin de mobilité lié aux loisirs. De ce fait, SNCF Voyageurs estime que la baisse de voyageurs implique de remplacer cette offre par une offre TGV InOui (offre de TGV classique), répondant à une offre adaptée à des clients majoritairement professionnels.

Bien que l’infrastructure LGV Est ait fait l’objet d’un large financement de collectivités, dont le Département de Meurthe-et-Moselle, les dessertes trains à grande vitesse font maintenant partie des services ferroviaires librement organisés. Dans ce cadre, SNCF Voyageurs définit librement les lignes et les arrêts qu’elle entend desservir.

Par l’article 8 de la loi n°2018-515 du 27 juin 2018 pour un nouveau pacte ferroviaire, les services ferroviaires librement organisés sont ouverts à la concurrence depuis le 12 décembre 2020. Cela signifie que les lignes à grande vitesse sont devenues accessibles (en « open access ») et qu’à terme, d’autres opérateurs pourront exploiter un service.

Malgré ce contexte et au regard du besoin de mobilité de certains étudiants vers la capitale, j’invite les acteurs du territoire à valoriser l’offre TER déployée par la Région, laquelle permet, sans condition d’âge, de faire l’aller-retour à Paris le week-end au tarif de 16 € le trajet grâce aux cartes Primo et Presto. Le temps de trajet est certes de 3h20, mais il est compensé par une flexibilité et un tarif plus avantageux que l’offre OuiGo. L’existence de cette offre de transport qui dessert également toutes les villes intermédiaires du Grand Est est une chance dont dispose Nancy, contrairement à Metz.

D’autre part, de nombreux étudiants disposent de l’offre TGVMax qui permet, pour les 16-27 ans et moyennant un abonnement mensuel de 79 €, de voyager gratuitement sur un grand nombre de TGV InOui, excluant de ce fait les trains OuiGo. Cette offre permet une plus grande flexibilité que l’usage du train OuiGo (7 TGV InOui contre 1 OuiGo par jour).

Enfin, au regard des nombreuses réactions qu’a suscité cette nouvelle, j’ai demandé à mes services de remonter le sujet au ministère en charge des transports.