Stéphane Pizelle engagé aux côtés de Saint-Gobain PAM

Session publique du 30 Juin 2020

Intervention de Stéphane PIZELLE :

Conseiller départemental du canton de Pont-à-Mousson

Monsieur le Président,

Mesdames et messieurs,

Chers collègues,

L’annonce l’année dernière d’une possible prise de contrôle à 60% de Saint-Gobain PAM par l’entreprise d’Etat chinoise Xinxing, a semé l’émoi : A Pont-à-Mousson, Dieulouard, Toul, Foug, en Haute-Marne et plus généralement dans toute la Lorraine. Notre Lorraine qui a déjà payé un très lourd tribut à la désindustrialisation, va-t-elle voir à nouveau un de ses fleurons disparaître ? Si les paroles de la direction de Saint-Gobain se veulent rassurante, les inquiétudes demeurent !

L’eau, est un secteur hautement stratégique ! De sa qualité dépend notre santé ! Les chercheurs, ingénieurs, techniciens et ouvriers de Saint-Gobain PAM l’ont compris il y a longtemps, c’est pour cela qu’ils ont créé les canalisations les plus sûres du marché afin de garantir une qualité irréprochable de l’eau.

Après, L’entreprise chinoise Xinxing, possible « partenaire » à 60%, un nouveau partenariat chinois serait envisagé par la direction. Quel serait son intérêt à maintenir les sites lorrains en activité une fois les brevets, compétences et savoir-faire obtenus, de surcroît avec l’écart des coûts de production que l’on connaît entre la France et la Chine !

Le souhait de la direction actuelle de Saint-Gobain de s’alléger de certaines participations est clair et déterminé. Dans le cadre de cette stratégie, PAM est à vendre et l’on peut épiloguer sur les raisons de ce choix mais la  décision semble irréversible comme le présage le démantèlement déjà réalisé de l’activité canalisation. Pour le moment Saint-Gobain reste le patron.

A part une injonction gouvernementale qui semble peu probable au vu des propos récents du Ministre, je ne vois pas ce qui pourrait empêcher Saint-Gobain de vendre au plus offrant.

L’intérêt de Saint-Gobain, surtout s’il souhaite dans un premier temps rester un actionnaire important, est, en dehors du premier bénéfice financier de l’opération, d’être associé à une opération réussie valorisante pour son image, plutôt qu’à un échec.

La piste d’un partenariat avec le groupe Von Roll paraît une des pistes à être soutenue pour de nombreuses raisons. D’autres possibilités existent.

Les lourds investissements que nécessite son activité ne s’amortissent que dans la durée, contrainte que ne supportent plus les exigences de rentabilité immédiate des marchés financiers.

Il faut donc un partenaire qui soit sensible à ces données industrielles.

Ces concordances stratégiques et le fait que l’option européenne réponde en partie aux arguments « nationalistes » semblent donc militer en faveur de cette solution.

Comme nous l’avons évoqué et redis durant les réunions de travail, si un partenariat est nécessaire pour percer sur de nouveaux marchés, quelles garanties avons-nous concernant la pérennité des usines et du centre de recherche ?

Un comité a été mis en place réunissant les élus du Grand Est, du département, des communes concernées ainsi que les parlementaires.

On peut être surpris que le ou les députés européens ne soient pas conviés à ces réunions.

Durant ce comité, il a été évoqué les normes européennes et notamment que soient intégrés des critères de restrictions d’origine et de réciprocité permettant de financer uniquement les projets avec des critères de préférence européenne comme le permet le code de la commande publique (article L.2153-1 et L.2112-4).

Lors de la dernière réunion, une rencontre était envisagée avec le commissaire européen à l’industrie.

Car malgré le COVID-19, il semble que le dossier avance….

Pouvez-vous, Monsieur le Président nous donner les informations qui sont les vôtres sur l’avancement de ce dossier pour lequel les inquiétudes restent palpables bien au-delà de Pont-à-Mousson, Toul, Foug, Dieulouard et Bayard-sur-Marne ?

Je vous remercie.

Stéphane PIZELLE.

Question d’actualité de Stéphane Pizelle

 

Réponse de Mathieu KLEIN

Président du Département de Meurthe-et-Moselle

 

Pour répondre à vos questions assez voisines sur Saint-Gobain PAM, d’abord, j’ai appris comme vous par voie de presse le 10 juin dernier l’existence de l’accord avec l’entreprise chinoise Rizhao pour produire sous le Label de la marque PAM en Asie des tuyaux en fonte ductile. J’ai eu l’occasion d’échanger à plusieurs reprises avec le directeur général de Saint-Gobain PAM autour de cette période. Vous connaissez les arguments qui sont employés, il s’agit de garantir finalement une présence sur le marché asiatique, une consolidation du chiffre d’affaires à l’export de l’usine et la sortie de PAM du groupe Saint-Gobain est une question qui est posée depuis un long moment. On a connu la problématique lorsque Starwood, le fonds de pension qui possédait Baccarat avant sa vente à un actionnaire chinois n’avait pas d’intérêt à développer l’outil industriel, y compris en Lorraine. Donc la problématique que nous connaissons aujourd’hui est la même. Le groupe Saint-Gobain, a-t-il encore aujourd’hui un objectif relatif à la marque PAM et aux usines lorraines de PAM. C’est un vrai sujet. Qui s’est renforcé à la faveur de la crise de la Covid 19 puisque toutes les questions d’autonomie industrielle sont revenues en force dans le débat public et notamment dans les secteurs stratégiques comme l’adduction en eau potable.

C’était déjà un sujet de préoccupation avant la crise. Nous l’avions soulevé, d’ailleurs. Vous avez rappelé l’un et l’autre que lors du comité de liaison des élus locaux l’avaient abordé à plusieurs reprises. Que nous nous sommes positionnés collectivement pour l’émergence d’un champion européen qui soit capable de faire travailler justement des process voisins à l’échelle de l’Union européenne pour s’affirmer sur le marché international. Le projet de l’actionnariat chinois de Saint-Gobain PAM, à ma connaissance, est, à cette heure, suspendu, et là, notamment en raison de la crise Covid. Il n’est pas revenu sur le devant de la scène, il n’est pas revenu sur le tapis. Cela ne signifie pas que ce cette hypothèse est écartée et enterrée.

La question que j’ai posée qui était celle de partenaires au sens large du terme, elle, reste ouverte. L’entreprise semble rechercher toujours des partenaires, et pas seulement en Chine, pour son capital. Je vous redis à la fois notre vigilance collective et Jean ROTTNER m’a indiqué récemment qu’il réunirait prochainement le comité de suivi des élus locaux sur le sujet. Cela relève effectivement de la compétence du Conseil régional d’animer cette instance de pilotage en lien avec le Département de Meurthe-et-Moselle, comme c’est le cas depuis le début. Je vous réaffirme, moi, mon attachement, effectivement, évidemment, comme nous toutes et nous tous, à la préservation de l’outil industriel PAM en Meurthe-et-Moselle, de ses différentes usines à Pont-à-Mousson, à Foug, Maidières et à Blénod, usines ou centres de recherche, pour que nous soyons en capacité de participer à un effort collectif visant à rechercher au maximum une solution européenne.

Sans perdre de vue, c’est notamment la position que défend la CGT au sein de l’entreprise (CGT majoritaire aujourd’hui) et sans écarter non plus un actionnariat en raison de sa nationalité, puisque l’objectif prioritaire c’est la défense de l’outil industriel. Alors il faut le dire avec force, mais il faut le dire sans naïveté car nous savons que sur ces marchés stratégiques, il n’est pas question que d’industrie, il est aussi question de capacité, finalement, pour l’Europe, à protéger ses savoir-faire, sa capacité à produire et elle-même à exporter. Voilà un peu l’équation actuelle. Donc pas de nouvelles récentes relatives à l’actionnariat. Une nouvelle que vous avez lue dans la presse, relative à des accords de fabrication pour le marché asiatique et le souci renouvelé des élus locaux qui sera réaffirmé lors du comité de liaison prochainement de l’émergence d’un champion européen en matière d’adduction en eau potable. Voilà ce que je peux partager avec vous.