Quel rôle le Département joue-t-il dans la préservation des abeilles et des ruches ?

Session publique du 29 juin 2017.

Question d’actualité de Stéphane PIZELLE :

(Conseiller départemental du canton de Pont-à-Mousson)

Monsieur le Président,
Mes chers collègues,

Protégeons la planète, excellent programme louable mais encore faut-il bien ouvrir les yeux et tout considérer et surtout ne rien négliger.

Je voudrais attirer votre attention sur un sujet pour lequel j’ai été interpellé à savoir la lutte contre les fléaux destructeurs des ruches et abeilles.

Les insectes pollinisateurs sont essentiels pour l’environnement mais aussi pour la sécurité alimentaire.

Pour les scientifiques une combinaison de plusieurs facteurs serait responsable de cette hécatombe et les pesticides sont pointés du doigt comme étant un agent majeur du problème.

Depuis plusieurs décennies, nos apiculteurs ont à faire face à un véritable fléau pour l’abeille et l’apiculture le VARROA qui décime des milliers d’hyménoptères et provoque un affaiblissement des colonies.

Différentes sortes de traitements acaricides existent mais d’un coût particulièrement élevé.

Plus grave encore, un nouveau front de lutte s’est ouvert cette année suite à l’apparition dans notre région du frelon asiatique. Ce prédateur présente une extrême dangerosité pour la filière apicole car, il peut détruire dans les cas extrêmes toute la population d’une ruche et déséquilibrer ainsi l’écosystème dans son ensemble par une action de prédation inhabituelle sur les insectes mais également provoquer aux abords des nids des désagréments sur la population.

Compte tenu de la valeur écologique et économique importante des abeilles, il est indispensable d’assurer le contrôle et la sauvegarde des stocks d’abeilles en bonne santé non seulement sur le plan local et national  mais aussi au niveau mondial.

Ce combat de longue haleine a besoin, pour réussir, de financement.

En France, les différentes subventions proviennent des communes, départements et régions avec un bémol, car il semblerait que le Département de Meurthe et Moselle soit le seul, dans le Grand Est, à ne pas participer à cette opération de la plus haute importance car vitale pour la survie de nos ruches et de nos apiculteurs.

C’est pourquoi je vous sollicite Monsieur le Président, afin de remédier à cet état de fait et de pouvoir accompagner le Groupement de défense sanitaire apicole de Meurthe et Moselle de façon à lui permettre de continuer la lutte pour que vivent et grandissent nos ruchers et nos apiculteurs qui espèrent que ces pollinisateurs essentiels de la biodiversité, ne disparaissent en silence avec des conséquences désastreuses  sur la faune et flore sauvages, mais aussi sur les cultures et notre alimentation.

De même, le Département ne pourrait il pas impulser une politique incitative afin de développer les ruchers dans les villes et villages dans notre belle Meurthe et Moselle.

Merci de votre attention.

Stéphane PIZELLE

 


Réponse d’Audrey NORMAND :

Conseillère départementale de Neuves-Maisons

Cher Stéphane, mes chers collègues,

Les abeilles constituent, comme vous le rappelez, un maillon essentiel de nos écosystèmes, indispensable à la vie. C’est pourquoi il nous faut agir collectivement pour les préserver. La production française de miel, qui baissait déjà sans discontinuer depuis les années 90, vient de chuter d’un tiers entre 2015 et 2016, passant à 16 000 tonnes contre 35 000 tonnes en 1990.

Selon les scientifiques, le premier responsable de cette chute est le changement climatique. Mais aussi les pesticides – on peut d’ailleurs saluer le récent arbitrage en faveur du maintien de l’interdiction des néonicotinoïdes – la prédation par le frelon asiatique, et le VARROA, font également des dégâts dans notre Département.

En ce qui concerne le frelon asiatique, il est arrivé en France en 2005, a été récemment signalé à Dommartemont, Maxéville ou encore Toul. Le SDIS est d’ailleurs régulièrement mobilisé pour détruire les nids. Mais pour éradiquer ce fléau, nous avons besoin d’une stratégie globale à l’échelle régionale. Je salue le plan d’action en cours de définition pour l’ensemble du Grand Est, destiné à la fois à prévenir, surveiller et lutter contre ce prédateur.

Concernant le Varroa, le groupement de défense sanitaire apicole de Meurthe-et-Moselle, qui fédère la plupart des apiculteurs du Département, propose à ses membres de traiter leurs ruches. Il travaille en partenariat avec le groupement de défense sanitaire de Meurthe-et-Moselle qui a lui-même ouvert une section apicole en fin d’année dernière.

Partenaire historique du Conseil départemental via la charte agricole, le financement du GDS sort aujourd’hui de nos compétences et il revient à la Région d’en assumer la charge. Alertés depuis plusieurs mois sur cette problématique, nous attendons aujourd’hui que le Conseil régional Grand Est clarifie sa position afin de ne pas mettre en péril le fonctionnement du GDS, ce qui aurait des répercussions lourdes sur nos actions en direction de l’apiculture mais aussi et surtout sur nos éleveurs et notre laboratoire vétérinaire départemental.

Pour sa part, le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle active tous les leviers dont il dispose pour protéger les insectes pollinisateurs. Pour ne citer que quelques exemples :

► Notre soutien via le Contrat Territoires Solidaires à la création d’une « miellerie » collective sur la Communauté de communes du Pays de Colombey et du Sud Toulois,

► L’installation de ruchers sur nos espaces naturels sensibles ou au-dessus de nos têtes, sur la toiture du Conseil départemental, il y a quelques semaines.

Pour conclure, je réitère donc la proposition que j’ai faite en fin d’année dernière aux professionnels de la filière pour les accompagner en matière de formation des agents sanitaires apicoles et de lutte contre les espèces invasives.