Personnes âgées : allons nous apporter notre soutien à Ages et Vie en Meurthe-et-Moselle ?

Session publique du 25 juin 2018.

Question d’actualité de Michel MARCHAL:

Conseiller départemental du canton de Baccarat

Monsieur le Président,
Mes chers collègues,

Dans le cadre de ses compétences, notre collectivité a conservé la politique des personnes agées, politique que nous soutenons dans son ensemble. Pour faire simple, dans ce département les actions sont de deux ordres : l’aide à domicile et l’aide en établissement.

La volonté de chacun est bien évidemment de vivre le plus longtemps possible à son domicile. Ils sont rare ceux qui choisissent la maison de retraite. D’ailleurs, j’ai un ami africain à qui j’expliquais nos coutumes et qui en parlant de ces établissements, les qualifiait de « maison de la honte ». Cela veut tout dire !

Nous devons donc tout faire pour que nos anciens vieillissent dans les meilleures conditions possibles. Notre soutien aux structures d’aides à domicile et aux EPAHD répond prioritairement à ces exigences. Cependant, il n’est pas interdit de réfléchir à de nouvelles propositions d’accueil.
La création de résidences accompagnées répond à cet objectif. Alors que chaque territoire devait disposer d’une structure de ce type, à ce jour, seulement deux établissements ont été ouverts.

Il s’avère qu’il y a 10 ans, j’ai pu rencontrer les responsables de la toute nouvelle société « Ages et Vie » de Besançon société privée qui développe un concept d’hébergement nouveau, se situant entre le domicile et l’EPHAD. Plusieurs visites accompagnées d’élus nous ont permis de nous rendre compte de l’efficacité de ce type d’hébergement et surtout de l’approche plus humaine qui y règne.

Plus récemment, une trentaine de personnes, dont des élus et techniciens du département, s’est déplacée à Vesoul pour visiter deux maisons. L’ensemble des participants à ce déplacement a manifesté un intérêt pour ces maisons. Cette société possède actuellement une quarantaine de structures réparties dans le Doubs et dans les départements limitrophes.

Depuis plusieurs années, une réflexion orientée vers ce type d’accueil s’est engagée sur notre département et plus particulièrement sur le territoire lunévillois.

Aujourd’hui, Ages et Vie, contactée par différentes communes du département, envisage très sérieusement de développer son concept en Meurthe et Moselle. Pour ce faire et compte tenu que les résidents pourraient bénéficier de l’APA, notre collectivité est sollicitée pour donner un accord.

Le département a reçu une demande d’agrément de la part de la société Ages et Vie en décembre 2017. Six mois après, elle attend toujours une réponse positive ou négative de notre collectivité.
Moi-même très impliqué dans ce dossier, je m’étonne de cette lenteur qui pourrait conduire le porteur de projet à s’éloigner de notre département alors qu’il envisage de faire de la Meurthe-et-Moselle sa base régionale.

Monsieur le Président, alors que les échanges avec les différents partenaires départementaux, élus et administratifs, ne font apparaitre aucune réticence, pouvez vous m’expliquer pourquoi notre collectivité n’apporte pas de réponse à un projet qui de toute évidence apporte un plus à la politique que nous menons. Certes, le projet est privé et bien qu’il y ait un fond social, il répond difficilement à la problématique des personnes à faibles ressources.
Parce que la réponse à la problématique de la dépendance n’est que partielle, devons nous refuser ce type d’accueil qui, au moment où l’argent se fait rare, ne nécessite aucun financement public ?

Monsieur le Président, ce projet n’émane pas de votre majorité et de ce fait, bouleverse peut être les codes ?

Je vous remercie pour la réponse que vous m’apportez.

Michel MARCHAL

 

Réponse de Annie SILVESTRI :

Conseillère départementale du canton de Villerupt

Monsieur le Président,
Chers collègues,

Cher Michel,

Je comprends votre attente et vous rassure d’emblée sur l’intérêt que le Département de Meurthe-et-Moselle porte au modèle Age et Vie, société dont le siège est à Besançon et qui propose un concept d’habitat innovant pour personnes âgées déjà largement expérimenté en Franche-Comté où il concerne plus de 300 résidents.

La maison que nous avons eu l’occasion de découvrir le 10 avril se situe en cœur du bourg, à proximité de services médico-sociaux et sanitaires. Elle peut accueillir 7 personnes âgées en perte d’autonomie, de GIR 2 à GIR 4 et s’organise autour d’un grand appartement en rez-de-chaussée totalement accessible, composé d’une vaste pièce de vie, de 7 chambres très spacieuses de 30 m2 avec cabinet de toilette et entrée privative. Ce dispositif est complété par 3 logements à l’étage dédiés à trois auxiliaires de vie et à leur famille.

La maison offre un cadre de vie familiale et sécurisant. Après la visite du mois d’avril et une phase d’appropriation technique du projet par la direction de l’autonomie, j’ai présenté la démarche à l’exécutif départemental au courant du mois de mai. Il s’agit d’une étape politique indispensable de validation préalable à toute mise en œuvre. Age et Vie a rencontré un écho très favorable car il s’inscrit parfaitement dans les orientations du schéma de l’autonomie et notamment son volet habitat qui vise la diversification de l’offre d’hébergement afin d’offrir un choix d’habitat intermédiaire entre le maintien à domicile et la maison de retraite.

Parallèlement, des échanges sont intervenus entre le Département et les communes du Lunévillois intéressées par le déploiement d’Age et Vie. Nous attendions en effet la confirmation de leur intérêt pour ce projet. Le temps écoulé a été mis à profit pour instruire le dossier administratif de demande d’autorisation. Les échanges avec les promoteurs du projet ont ainsi porté sur plusieurs aspects qui remodèlent partiellement la démarche. D’une part la question de l’accès des personnes modestes à cet habitat avec la possibilité de réserver quelques places éligibles à l’aide sociale à l’hébergement. D’autre part, la maîtrise de l’évolution du montant des loyers et, enfin, l’ouverture éventuelle des maisonnées à quelques personnes handicapées.

L’objectif de ces discussions complémentaires avec les promoteurs du projet étant de pouvoir proposer cet habitat intermédiaire à un public plus large, conformément aux valeurs portées par le Département de Meurthe-et-Moselle, tout en confortant l’approche globale de l’autonomie. Nous favorisons chaque fois que possible la convergence handicap et grand âge. Les premières réponses apportées par Age et Vie vont dans le bon sens. Il conviendra cependant de les approfondir, dans le cadre d’échanges complémentaires.

Vous le constatez, chers collègues, le projet Age et Vie avance à bon rythme et ces informations démontrent qu’il n’y a pas lieu de nourrir d’inquiétude. Rappelons quand même qu’il porte sur une perspective de 200 résidents, ce qui lui confère une dimension qui mérite un certain soit administratif et technique.

Annie SILVESTRI