L’accompagnement des agriculteurs en difficulté

crise agriculture

Session publique du 22 septembre 2016.

Question d’actualité de Thibault BAZIN :

(Conseiller départemental du canton de Lunéville 2)

Monsieur le Président, Madame la vice-présidente déléguée à l’agriculture,

Vous avez répondu présent tous deux – et c’est tout à votre honneur – à l’invitation de la FDSEA et des JA le 26 août dernier, à participer à une réunion débat sur la crise agricole avec leurs adhérents.

Vous avez pu constater « l’ampleur du désarroi qui frappe les hommes et femmes qui vivent dans nos campagnes ». Vous l’avez bien évoqué, Monsieur le Président, lors de votre discours d’introduction ce matin. Les agriculteurs sont épuisés moralement. Les preuves se multiplient : hausse des appels à la permanence de prévention du suicide Agri’écoutes, envolée des demandes de la prime d’activité.

Le 16 mars dernier, en session, je vous alertais sur la diminution des moyens alloués par notre département aux structures professionnelles agricoles : -28% par rapport à 2015. Je vous invitais à ne pas rajouter la crise à la crise. Je vous suppliais même de ne pas diminuer les moyens en cette année de crise agricole. Nous y reviendrons lors de notre session puisque nous examinerons le rapport sur la charte agricole.

Aujourd’hui, les organisations professionnelles agricoles ont besoin d’une aide exceptionnelle et ont sollicité, entre autres, notre département pour mener une expertise individuelle et collective des fermes. Car, et vous l’avez dit ce matin, Monsieur le Président, les mauvaises conditions climatiques propres à notre région ont aggravé la situation déjà difficile de la plupart de nos agriculteurs.

Monsieur le Président, je vous demandais dans ma question transmise il y a 8 jours de prévoir une décision budgétaire modificative réallouant des crédits afin d’accompagner les agriculteurs en difficulté. Loin des raccourcis ou des raisonnements simplistes, il vaut mieux mobiliser des moyens pour aider les agriculteurs qui en ont besoin, plutôt que de leur verser le RSA. Nous sommes donc impatients d’examiner les possibilités d’ « activation des dépenses passives ».

Des mesures ont été proposées au législateur pour aider les agriculteurs à passer le cap. Permettez-moi d’évoquer aussi d’autres actions que le département peut mener à son échelon pour la survie de la « ferme 54 ».

Le département, sous votre impulsion, a déjà fait des efforts réels sur les circuits courts, l’approvisionnement en agriculture locale ayant plus que doublé mais il reste beaucoup à faire.

La restauration collective n’achète plus par exemple d’agneau français. Pourriez-vous nous préciser si le développement des circuits courts pour l’approvisionnement des collèges de notre département se traduit sur toutes les filières, avec notamment l’intégration des viandes françaises et lorraines ? Il existe déjà des labels. Est-ce aussi envisageable de simplifier les procédures administratives pour privilégier les produits français de qualité ?

Par ailleurs, le 25 janvier, Madame la Vice-Présidente, vous écriviez au Président de la Société Centrale d’Agriculture, que la loi NOTRé pourrait empêcher de maintenir les cofinancements apportés jusqu’à présent aux manifestations agricoles.

Notre département a au long des années accordé une subvention pour la tenue des comices d’arrondissements de Briey, Lunéville, Nancy et Toul.

Ces associations agricoles ne sont pas des organisations économiques. Les comices sont de véritables lieux de rencontre au service de l’animation rurale. Et notre ruralité, qui traverse des moments particulièrement difficiles, a besoin de ces évènements pour conforter les liens sur le territoire. Pourriez-vous revoir votre position et de nouveau soutenir les COMICE ?

De même, je découvre votre proposition pour la prochaine commission permanente de diminuer par deux le soutien de notre département à Stan Elevage par rapport à l’année dernière. Pourtant, vous avez évoqué lors de votre discours inaugural de session lundi votre participation à Stan élevage. Vous avez pu constater l’importance et la pertinence de cette manifestation participant à l’animation du territoire. Je regrette ce désengagement du département et vous invite à maintenir notre soutien financier au niveau de 2015.

Soyons cohérents au moment où vous nous proposez un renforcement de la présence de notre département au salon de l’agriculture l’année prochaine à Paris.

Même si la loi NOTRé transfère une grande partie de la compétence liée à l’agriculture à la région, notre département reste un acteur de la solidarité des habitants et des territoires. Plus de 1000 familles d’agriculteurs sont en danger. Je nous invite à décréter l’agriculture grande cause d’utilité départementale, et à répondre aux attentes légitimes et raisonnables des agriculteurs meurthe-et-mosellans qui dépendent de l’échelon départemental.

Soyons unis pour assurer l’avenir de la ferme 54.