80km/h : L’expérimentation dans l’impasse

Session publique du 28 septembre 2020.

Question d’actualité de Jean LOCTIN et Corinne LALANCE

Conseillers départementaux du canton du Nord-Toulois

 

Monsieur le Préfet,
Madame la Présidente,
Mes chers collègues,

Le gouvernement prenait il y a quelques années, sous l’impulsion quasi mystique du professeur de médecine Claude Got, président de la ligue contre la violence routière la décision d’abaisser la vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires. Cette décision, prise à Paris, sans aucune concertation, a été sans aucun doute l’étincelle qui aura mis le feu aux poudres du mouvement des
gilets jaunes.

Monsieur le Préfet, ce sont des élus implantés dans des cantons ruraux qui vous le disent, cette décision n’a pas été acceptée et ne l’est toujours pas. Preuve en est, le gouvernement a fait depuis
un semblant de marche arrière, en laissant aux présidents des conseils départementaux la décision de revenir, ou pas, aux 90km/h, sous leurs responsabilités.

Notre estimé collègue, désormais maire de Nancy, ancien président du département, adepte de la circulation à vélo et des 30km/h en ville, n’ayant pas cette fibre pour les territoires ruraux, n’a pas
voulu voir la provocation faite à nos concitoyens des campagnes. Après tout à Nancy, sauf à commettre un grave délit routier, il n’est pas possible de circuler à 90km/h. L’abaissement à 80km/h
ne changerait donc pas grand-chose. C’était oublier que notre département ne se résume pas à Nancy. En bon stratège électoral, sans même consulter la majorité départementale, la décision fut
prise ! Ce sera 80km/h ! Circuler, il n’y a rien à voir !

Pour entériner cette décision une période d’expérimentation et d’observation de 2 ans a été mise en place, au terme de laquelle le CEREMA (Centre d’Etudes et d’Expertises sur les Risques
l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement) a rendu un rapport qui ne devait pas contredire la décision prise du Premier Ministre d’alors.

Permettez -moi de souligner à tous quelques incongruités qui rendent les conclusions de ce rapport nulles et non-avenues :

  • Toutes les routes ont servi de base de comparaison, hors autoroutes et les routes en agglomérations, à savoir toutes les routes à 90km/h mais aussi celles déjà à 80 voire à 70k/h.
    Or l’étude n’aurait dû concerner que celles étant passées de 90 à 80km/h pour connaître les effets de cet abaissement sur l’accidentologie ;
  • les deux années du 1er janvier 2018 au l janvier 2020 ont été comparées à une période de 5 ans 2013-2017 où une recrudescence d’accidents a été constatée : du coup, les statistiques
    sont encore meilleures et sont attribuées au seul abaissement de la vitesse ;
  • Par ailleurs le BAAC (Bureau d’Analyse des Accidents de la Circulation) n’a pas isolé les accidents dus à la seule vitesse mais à allègrement mélanger ceux-ci et ceux relevant de
    l’alcool, de la drogue, de l’usage du téléphone, etc…

Monsieur le Préfet, alors que notre Présidente, doit prendre une décision -26 de ses collègues ont déjà rétabli ou vont rétablir la vitesse à 90km/h – pourquoi le gouvernement s’est-il fondé sur un
rapport volontairement biaisé ? Par ailleurs pourriez-vous nous assurer que la commission départementale de sécurité routière dont l’avis ne sera que consultatif, sera animée par un réel souci d’objectivité pour éclairer la décision du département.

Nous vous remercions.

Jean Loctin et Corinne Lalance

 

 

 

retrouvez l’interview de Luc BINSINGER au micro de France 3 :Lien